Explosion de l'usine AZF : 20 ans après, retour sur une journée catastrophe

Explosion de l'usine AZF : 20 ans après, retour sur une journée catastrophe


Le 21 septembre 2001, l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium au sein de l’usine AZF située à Toulouse cause la mort de 31 personnes et fait 2 500 blessés. Il s’agit d’un des plus graves accidents industriels au monde impliquant le nitrate d’ammonium ce qui a entrainé la mise en place de nouvelles réglementations. Vingt ans après, revenons sur cette catastrophe et sur ses conséquences concernant le stockage des matières dangereuses.

Contexte et déroulement des évènements

L’usine AZF (Azote Fertilisants) était une usine classée Seveso dont l’activité principale consistait en la synthèse d’ammoniac, d’acide nitrique, d’urée et de nitrates notamment pour produire des engrais azotés pour l’agriculture. Un peu moins de 500 personnes y étaient employées sur un site de 70 hectares.  

Le 21 septembre 2001 à 10h17, une explosion se produit au sein du hangar 221 de l’usine. Ce bâtiment stockait environ 300 tonnes de nitrate d’ammonium destiné à être expédié vers d’autres usines pour la production d’engrais composés. Cette explosion a provoqué la formation d’un cratère ovale d’une longueur de 70 m, d’une largeur de 40 m et profond de 5 à 6 m. Le bruit de la détonation a été perçu à plus de 80 km de Toulouse et un séisme de magnitude 3,4 sur l’échelle de Richter est enregistré.

                                                                        Le nitrate d'ammonium


Le bilan humain et matériel

Le bilan officiel de l’explosion est lourd : 31 personnes sont tuées, dont 21 d’entre elles étaient des salariés de l’usine, et 2 500 blessés, dont une trentaine dans un état grave, sont à déplorer. Ce bilan aurait pu être encore plus élevé si les canalisations de phosgène situées à proximité avaient cédé à la suite de l’explosion.

Outre les effets directs liés au souffle de l’explosion ou ses effets indirects, notamment ceux provoqués par des débris de verre ou d’autres objets entrainés par la déflagration, des troubles à plus long terme ont également été observés. Ces troubles sont principalement d’ordre auditif (hyperacousie, acouphènes) et psychique (dépression, crises d’angoisse, insomnies, …). Fin janvier 2009, le coût pris en charge par la CPAM pour les dépenses de soins, d’indemnités journalières dans le cadre d’arrêts de travail, de pensions d’invalidité ou de rentes d’accidents du travail des victimes d’AZF était de 34,4 millions d’euros. D’après l’Assurance Maladie, près de 5 000 personnes ont démarré un traitement psychotrope dans les jours qui ont suivi la catastrophe.

Au niveau matériel, 27 000 structures immobilières ont été détruites dans la partie sud-ouest de la ville, à proximité de l’usine. Parmi elles, le grand palais des sports, l’Ecole nationale supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques, le lycée Gallieni ou encore le centre hospitalier Gérard Marchant. Beaucoup de logements et entreprises sont touchés, le montant des dégâts matériels est estimé à deux milliards d’euros dont 33 millions d’euros concernant des structures publiques. Le site même de l’usine est dévasté même si la tour principale a résisté à l’explosion. Par la suite, l’usine sera complètement rasée et le site dépollué afin d’accueillir de nouveaux projets.

Les conséquences

Afin de déterminer les causes de l’explosion, une enquête judiciaire et scientifique est ouverte au cours de laquelle différentes hypothèses sont évoquées (attentat, incident technique, erreur de manipulation, …). L’issue de cette enquête conclue que l’hypothèse la plus probable est celle de l’accident industriel même si des incertitudes subsistent.

A la suite de cet accident, la loi Bachelot du 30 juillet 2003 est créée afin de mettre en place une garantie des catastrophes technologiques. Ainsi, un accident se produisant au sein d’une installation dangereuse et ayant pour conséquence que plus de cinq cents logements deviennent inutilisables entraine l’instauration d’une indemnisation collective sans qu’il soit nécessaire pour chaque victime de faire les démarches de manière individuelle. La législation européenne a également été renforcée pour mieux encadrer le stockage.

L’usine, quant à elle, a été entièrement démantelée et sur son site se trouve aujourd’hui un centre de recherche sur le cancer : l’Oncopole de Toulouse ainsi qu’un parc photovoltaïque. Un mémorial pour les victimes y a également été érigé.


                                                                       L'Oncopole de Toulouse


Aujourd’hui encore, les causes de cette tragédie sont difficilement établies mais ce triste évènement nous montre qu’en matière de stockage des matières dangereuses, le risque est bien réel. Récemment, la double explosion au port de Beyrouth (Liban), le 4 août 2020, de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium (220 morts et 6 500 blessés) nous l’a tristement rappelé. Il est donc essentiel de prendre toutes les mesures de sécurité adéquates à la conservation des matières dangereuses et limiter au maximum le stockage de produits inutilisés pour se prémunir des risques d’accidents.

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