Le devenir des déchets chimiques de laboratoire

Le devenir des déchets chimiques de laboratoire



Aujourd’hui, la protection de l’environnement et la gestion de nos ressources et de nos déchets est un enjeu majeur de notre quotidien. A la suite de différentes catastrophes industrielles (Seveso, Bhopal, Love Canal, …), le secteur de la chimie a lui aussi décidé de s’adapter et différentes réglementations sont apparues au cours des dernières décennies régissant le traitement des déchets issus de cette filière. Cet article se propose donc de faire le point sur le devenir des déchets chimiques provenant des laboratoires.

Qu’est-ce qu’un déchet chimique de laboratoire ?

Selon l’article L541-1-1 du code de l’environnement, un déchet est défini comme « toute substance ou tout objet, ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire ». Au sein des laboratoires, un certain nombre de ces déchets proviennent essentiellement des produits des réactions chimiques ainsi que des réactifs périmés ou dégradés dont le laboratoire souhaite se séparer. En ce qui concerne les produits issus de réactions, il s’agit généralement de mélanges.

Les déchets chimiques de laboratoire incluent également les emballages, papiers et autres solides (absorbants, filtres, chiffons, EPI, …) souillés par des produits chimiques.   


Le stockage et le transport des déchets

Les déchets chimiques de laboratoire sont considérés comme des produits dangereux, il est donc impératif de prendre certaines mesures pour sécuriser le stockage et le transport.

Le producteur des déchets étant responsable jusqu’à leur élimination finale, il se doit dans un premier temps de les caractériser et les répertorier mais également de vérifier si ceux-ci sont soumis ou non à la réglementation liée au transport de matières dangereuses (TMD). Il doit veiller aussi au fait que les déchets chimiques soient triés selon des catégories préalablement définies et cela afin d’éviter les mélanges notamment entre des déchets dangereux et non dangereux. Il est également essentiel d’émettre un bordereau de suivi de déchets (BSD), qui permet au producteur de s’assurer de la traçabilité au cours du processus d’élimination.

Concernant le stockage, certaines règles élémentaires doivent être appliquées afin de limiter les risques d’accident et/ou de déversement. Les déchets liquides doivent notamment être stockés sur des dispositifs contenant des bacs de rétention et il est impératif d’optimiser le stockage afin d’éviter les incompatibilités chimiques.  Si vous souhaitez des informations supplémentaires sur le stockage des produits chimiques, nous vous invitons à consulter notre article à ce sujet.

A propos de la réglementation liée au transport de matières dangereuses (réglementation TMD), différents accords existent selon le mode d’acheminement privilégié. Le tableau suivant résume les différentes réglementations en fonction du moyen de transport :

Type de transport

Réglementation

Routier

ADR

Ferroviaire

RID

Fluvial

ADN

Maritime

IMDG

Aérien

OACI / IATA


Il faut noter, qu’en plus de ces accords, s’ajoute différents décrets, lois, conventions et codes nationaux et internationaux régissant le transport des matières dangereuses. En ce qui concerne les déchets dangereux plus particulièrement, ces derniers ne peuvent pas être transportés par voie aérienne. L’acheminement se fait alors majoritairement par voies routière ou maritime.


Le traitement des déchets dangereux

Il existe trois grandes filières pour le retraitement des déchets dangereux : l’incinération, le traitement physico-chimique et le stockage dans des centres dédiés.

La destruction par incinération concerne un grand nombre des déchets chimiques de laboratoire, l’objectif est de favoriser un processus d’oxydation des matières présentes par une exposition à de très hautes températures (jusqu’à 1 450 °C). Selon le type de déchets, différents types de traitements thermiques peuvent être appliqués mais les grandes étapes du processus global restent identiques : une phase de séchage et de dégazage comprise entre 100 et 300 °C suivie d’une étape de pyrolyse et de gazéification avec des températures allant de 250 à 1 000 °C et enfin d’une dernière phase d’oxydation des gaz formés à des températures comprises entre 800 et 1 450 °C. Parmi les différents types d’incinérateurs existants, c’est le four rotatif qui parait le plus adapté à l’élimination de déchets dangereux.

La deuxième grande méthode d’élimination des produits dangereux est le traitement physico-chimique. Ce dernier consiste, à l’aide de réactions chimiques ou de procédés de séparation, à transformer les déchets pour réduire leur dangerosité par exemple. Différents procédés peuvent être employés selon le type et l’état du déchet, nous pouvons citer entre autres : la centrifugation, la neutralisation, la précipitation ou encore l’ultrafiltration. Il est important de noter que le traitement physico-chimique peut également être utilisé dans le cadre d’un processus de revalorisation et/ou de recyclage de ces déchets.

La dernière alternative pour le traitement des déchets dangereux est le dépôt ou l’enfouissement au sein d’installations de stockage de déchets dangereux (ISDD). Ces dernières sont soumises à la réglementation ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement) et à des autorisations préfectorales afin de limiter les impacts environnements. D'après le ministère de la transition écologique, la France comptait, en 2012, 13 installations de ce type sur son territoire.

Peut-on revaloriser certains déchets de laboratoire ?

Pour terminer cet article sur le devenir des déchets chimiques de laboratoire, nous allons nous intéresser à la question de la revalorisation. En effet, le réemploi de nos ressources est une réponse au défi de la préservation de l’environnement, c’est pourquoi de plus en plus d’initiatives incitent à recycler nos déchets plutôt que de produire de nouvelles matières premières. Différentes directives européennes vont dans ce sens en hiérarchisant les modes de traitement des déchets en favorisant le réemploi et tout autre forme de valorisation plutôt que l’élimination.

Comme nous l’avons évoqué dans le paragraphe précédent, le traitement physico-chimique peut être un moyen de revaloriser certains déchets de laboratoire. En effet, il est par exemple possible de régénérer des solvants usagés grâce à la distillation. D’autres procédés comme la filtration ou l’extraction peuvent également permettre à un déchet de retrouver son état initial.

Il existe également une autre solution alternative qui serait d’éviter qu’un produit stocké et inutilisé ne devienne un déchet et pour cela, il est possible de céder ce dernier à un autre laboratoire de manière simple et efficace grâce à la plateforme Rosachem.

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